Le fil rouge entre toutes ces inventions : quelle drôle d’histoire !
C'est sûr, on aime ou on n'aime pas les trucs techniques, ils sont là, c'est incontestable. Ils nous cernent, nous empoisonnent et par instant nous fichent la trouille. Ils mangent nos vies, nos boulots, s'insinuent à l'intérieur de nos moments intimes.
Au delà, tous ces bidules parlent et vivent ensemble, nous laissent presque pour compte nous autres humains.
Pas sympas les perspectives que la technique nous offre ? Et si on disait qu'on s'en fiche au fond ? Parce que si la technique dessine un horizon affligeant, elle peut aussi proposer des tas de choses infiniment plus marrantes et belles. L'histoire le démontre.
Et nous aussi...
Alors, on parle de d'histoire ?
Vous l'aurez voulu.
Et bien voilà : on a retrouvé dans des laboratoires secrets russes la trace de drôles de personnes assoiffées d'idées aussi techniques qu'abracadabrantes et poétiques.
Imaginons un chien sans race, de corpulence moyenne mais singulier : il fume la pipe. Mais ça n'est encore rien. Il ne parle pas, ce qui dans notre monde prosaïque n'a rien d'étonnant. Mais ici, s'il ne parle pas, il pose un regard sur vous qui en dit si long que cela se passe de tout discours. Encore plus dingue, ce chien est un ingénieur autodidacte. On ne le sait guère mais il fit ses armes auprès d'Oppenheimer à qui il enseigna le calcul intégral, ainsi que Verner Von Braun qui lui doit la science du maniement des poudres à fusées et l'usage des propergols. Mais le dévoiler aurait été un tel scandale qu'on préféra étouffer l'affaire. Aussi on l'envoya tester une capsule spatiale sous un faux nom : Laïka. C'était en 1957. Seule aujourd'hui demeure la pipe...
Ce chien-génieur très prolifique s'enorgueillit d'environ un millier de créations connues. Mais le secret militaire occulte vraisemblablement l'essentiel de son œuvre.
Notre enquête, révèle une vie extraordinairement secrète. De ce fait on ne sait sur lui que fort peu de choses. Il n'aurait vécu en compagnie que d'une seule personne, personne connue sous le nom de Mr Monsieur. On l'aperçoit sur nombre de photographies aux commandes de machines considérables, les créations du chien, mais pas que.
Ces deux-là vécurent à Saint Petersbourg, alors Leningrad mais rien n'est véritablement sûr tant ils furent englués dans le secret d'état.
L'histoire aurait pu s'arrêter là mais c'est sans compter la pugnacité de nos reporteurs. Ces talentueux fouilleurs de poubelles interdites nous ramènent une incroyable collection de gravures techniques longtemps restées closes aux yeux de nous autres mortels. Nous vous les proposons au fur et à mesure de leur restauration mais aussi et c'est peut-être là l'essentiel, de leur décryptage technique et historique. Convoquant tantôt la géopolitique autant que la créativité clairvoyante De Vincienne, ces planches présentées en un catalogue raisonné sauront enchanter autant l'archéologue des sciences et techniques que l'amateur de bel esprit ainsi et peut-être même surtout, les enfants. Car les enfants sont probablement les inventeurs les plus raffinés qui soient sans qu'ils le sachent vraiment. Ils passent leur vie d'enfant à se faire piquer leurs idées par les adultes qu'ils seront plus tard. Lesquels adultes passeront ensuite l'essentiel de leur temps à dire qu'ils sont géniaux alors que ce n'est pas vrai. Ce sont les enfants qui le sont. Ou parfois un chien qui fume du tabac hollandais dans une grosse pipe d'écume. Les adultes c'est fort rare qu'ils le soient totalement ... géniaux.
Les enfants sont donc les mieux à même de comprendre la force inventive des créations de nos deux héros des sciences des arts, des belles lettres et pas que...
Mr Monsieur, qui es-tu ?
Il peut-être balayeur, gardien d’usine ou cuisinier. On le retrouve spationaute, capitaine de navire, pilote d’essai, aventurier ou wattman, toujours aux côtés de ce chien curieux au regard vague. Ce Monsieur est intemporel mais pas si neutre. Est-il ou a-t-il été mauvais garçon, un bon père de famille avec ses faux airs de Gabin enrhumé ? On ne sait vraiment. Sans être malingre, ses proportions l’inscrivent parfaitement dans l’architecture de ses fabuleux engins.
Mr Monsieur est-il inventeur, ou pire, ingénieur ? Cette collection de gravures n’est elle pas le catalogue de son savoir ? Il n’est guère loquace sur la question mais on peut légitimement s’interroger.
En voici une histoire possible mais rien n’est sûr.
Né au printemps 1905 dans la joyeuse commune du Blanc-Mesnil, France, le jeune Monsieur, issu d’une famille de fabricants de selles en cuir pour grand-Bi à vapeur, révèle très tôt de belles aptitudes intellectuelles. Ceci notamment au travers de talents fort particuliers pour la mathématique, la construction de chalets miniatures en allumettes ainsi que la confection de confiture d’abricots au citron.
Madame Monsieur, en maman attentionnée et aimante, pressentant le petit génie en devenir, s’enquiert d’un sévère pensionnat afin qu’il étudie sans nulle distraction. Ainsi notre petit Monsieur s’en fut en études. Il sera ingénieur ou rien !
Ces années de labeur brillant sont marquées par la considérable rencontre d’André Chapelon de quelques années son aîné et qui se distingue par la réalisation d’aéronefs miniatures mus par la vapeur nucléaire. Cette rencontre scelle une collaboration passionnée et fructueuse.
Dix années de travaux et belles découvertes sur l’atomisme le mènent jusque Los Alamos. Oppenheimer, Bohr et Fermi, le remarquent pour l’incroyable clairvoyance de ses recherches sur les matières fissiles. Pour le meilleur et surtout pour le pire car immédiatement aspirés par l’institution, ses travaux servent de base à la réalisation de Little Boy* dont on sait la désastreuse utilisation.
Il ne le supportera pas : nervous breakdone comme on dit de nos jours…
Heureusement, quelques mois plus tard, curieuse rencontre. Un chien fumeur de pipe —oui, un chien fumeur— lui propose de le suivre en URSS où il est assuré de l’utilisation pacifique de sa géniale diatribe.
Le moustachu dépité n’ose y croire. Un chien savant, fumeur et espion à la solde de l’ennemi lui propose ce dont il n’ose rêver : un laboratoire, de la liberté, des moyens… et un bon chien-chien.
Mauvais rêve ? La dépression sans doute…
C’est le couple Monsieur/Chien-chien (qui fume) qui, dans les laboratoires de Zobroskaïyomov, donnera naissance entre autre géniale invention, à la version réellement musicale des orgues de Staline ou à la fusée Soyouz, toujours en service aujourd’hui mais dont on a largement usurpé la paternité.
Bien que l’information ne fut jamais diffusée, il fut le premier à mettre au point des lanceurs spatiaux à propulsion nucléaire mais la vraie/fausse perte de son ami fumeur de tabacs hollandais lors d’un vrai-faux essai de vol habité lui fait perdre toute envie créative.
Il mourra de tristesse quelques années plus tard, pauvre, seul et ignoré de tous.
A la façon des chansons de Lennon et Mc Cartney, on ne saura jamais qui des deux aura été le créateur réel de tel ou tel engin, concept, équation… Un beau couple on vous dit !…
Paix à leurs géniales âmes…
Nous autres éditeurs de dessins et gravures historiques allons tenter, à travers ces planches restaurées, de rendre hommage à ce duo improbable mais si prolifique. Peut-être même le plus génial de tous les temps avec le couple Curie.